Pris de passion pour le dessin très jeune, après la première lecture d’Astérix en Corse (qui reste pour lui LA référence), Sébastien Telleschi a commencé sa carrière en tant que sapeur-pompier dans son Sud-Est natal. Il a ensuite bifurqué vers le dessin qu’il apprend en autodidacte à Paris en travaillant pour la presse (Bayard, Milan), la publicité et l’édition (Atlas, Hachette, Hatier, etc.). En 2015, il publie À la recherche de la Carotte Bleue, première création de la maison Little Urban et cherche et trouve géant qui remporte immédiatement son public. Couleurs éclatantes, insouciance des personnages, évidence du message et de l’humour, on plonge dans son univers avec délice. Deux autres cherche et trouve géant suivent. En 2025, pour les 10 ans de la maison Little Urban, Sébastien troque la souris de son ordinateur pour ses crayons de couleur : toujours dans l’univers de la Carotte bleue, il revisite de manière extrêmement ludique les œuvres emblématiques de Jules Verne… le tout en 80 pages ! Découvrez son interview.

À la recherche de la Carotte Bleue est la première création publiée par les éditions Little Urban, il y a maintenant 10 ans. Comment est né ce projet ?
À l’origine, j’ai créé une illustration de sous-marin peuplé d’une myriade de lapins. Je voulais créer des images comme des poupées russes, imbriquées les unes dans les autres. Dans ce sous-marin, chaque salle était un peu comme un terrier, reliée aux autres par des galeries. L’idée d’y placer des lapins est ensuite venue naturellement. C’est un ami de mon atelier, à Nice, qui m’a suggéré de cacher quelque chose dans cette illustration. J’ai développé une galerie de personnages puis soumis cette planche à Pôl Scorteccia, alors directeur d’Urban Comics, et il a tout de suite adoré l’idée.
Pour la Carotte Bleue, il fallait qu’elle se distingue de toutes les autres. Elle aurait très bien pu être rose, mais j’ai aimé ce petit clin d’œil aux oranges bleues de Tintin.

Après trois cherche et trouve autour de la Carotte Bleue, vous changez ici le format, le style graphique,
allant jusqu’à la création d’un texte littéraire. Pourquoi ce choix ?
J’ai adoré créer ces trois cherche et trouve mais j’en avais marre des images informatiques, je voulais revenir au dessin traditionnel. C’est un vrai défi que j’ai voulu relever avec mes éditeurs, Julien Boulesteix et Audrey Latallerie. On s’est mis d’accord pour créer une sorte de spin-off des cherche et trouve. On a d’abord choisi quelques personnages des précédents livres puis j’ai écrit leurs aventures.
Pour moi, À 20 000 lieues de la Carotte Bleue est mon ouvrage le plus fort : je l’ai écrit à un tournant de ma vie, dans un endroit qui me tient à cœur et réalisé complétement en traditionnel.

Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre manière de travailler ? Est-ce que vous avez d’abord écrit l’histoire ou les illustrations viennent en premier ?
L’élaboration de ce livre a été un travail commun avec Julien et Audrey. On a choisi ensemble les aventures de Jules Verne qui allaient être revisitées, puis j’ai envoyé des ébauches d’illustrations. Je suis ensuite passé à l’écriture du texte et la finalisation des images est venue en dernier.
Toutes les illustrations sont faites au crayon de couleur, à la plume et aux pointes Rotring. D’ailleurs, au début le livre devait être en noir et blanc mais j’ai bien vite ajouté de la couleur !

Pourquoi revisiter Jules Verne ? Étiez-vous lecteur de Jules Verne enfant ? Quel est votre roman préféré de Jules Verne ?
L’univers de Jules Verne était évident : j’adore les récits d’aventures du XIXe siècle et ce côté steampunk propre à Jules Verne. J’ai lu L’Île Mystérieuse et Voyage au centre de la terre quand j’étais enfant.
Il faut vraiment se replacer dans le contexte de la révolution industrielle pour comprendre et apprécier toute la modernité des textes de Jules Verne. Mais ces lectures n’étaient pas mes préférées, je trouve son écriture trop technique et lourde, alors que les idées sont fabuleuses, et les personnages particulièrement charismatiques (j’ai une préférence pour celui de Robur-le-Conquérant).

Quels sont les livres qui ont marqué votre enfance ?
Enfant, je dévorais les Astérix. Je lisais aussi avec beaucoup de plaisir Marcel Pagnol, notamment L’Eau des collines avec Manon des Sources et Jean de Fleurette. J’ai grandi dans le Sud, j’y reconnaissais des personnages que j’avais dans mon quotidien d’enfant, cela me transportait. J’ai aussi beaucoup lu de biographies, celle de Raspoutine ou tous les écrits d’aventures d’Henry de Monfreid. Sans oublier John Fante quand j’étais ado, Les Compagnons de la grappe ou Mon Chien Stupide, que je trouvais très drôle.

Un dernier mot sur la Carotte Bleue ?
Pour fêter la sortie du livre, l’équipe de Little Urban m’a offert un bouquet de carottes bleues ! Je m’en suis fait une salade, bien sûr…

À 20000 lieues de la Carotte Bleue

Sur ordre royal, l’éminent professeur Lapinenbrock a pour mission de remettre la patte sur la Carotte Bleue, une carotte mythique fortuitement disparue depuis des siècles. Pour cela, il réunit les esprits les plus grands, les corps les plus robustes et les coeurs les plus valeureux de tout le royaumes. À 20 000 lieues sous les mers, au centre de la Terre ou propulsée dans les airs, cette équipe de choc bravera tous les dangers jusqu’à tenter un tour du monde en 80 jours ! Pour que le plaisir de lecture soit complet, 7 carottes bleues sont malicieusement cachées dans chacun des chapitres… La quête de la Carotte Bleue ne fait que commencer !